La Pianiste
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Près de 15 ans après la publication du livre controversé d'Elfriede Jelinek « Die Klavierspielerin », Michael Haneke a choisi de filmer cette histoire bouleversante. La vie d'Erika Kohut, professeur de piano (en apparence) insensible, suscite également le dégoût, l'incompréhension et l'indignation du public dans les mains de Haneke. Les réactions sont un effet direct des questions soulevées par « La Pianiste ».
Par Laura MessinaTant d'amour, tant de haine
Des sujets durs ? Pour commencer, nous voyons l'effet d'une relation pathologique entre la mère et la fille. Certes, les relations mère-fille sont plus souvent compliquées, mais dans ce cas, le comportement obsessionnel de la mère d'Erika fait exploser la relation. Bien que sa mère ait toujours espéré qu'Erika devienne une pianiste de concert accomplie, elle ne dépasse jamais le stade de professeur de piano. Cette déception exerce une forte pression sur la relation entre les deux femmes. Car, que ce soit à 14 ou à 40 ans, il est toujours terrible de décevoir l'un de ses parents.
Dans le cas d'Erika et de sa mère, la relation d'amour-haine est encore plus extrême que la relation conflictuelle habituelle. Erika a 40 ans, vit toujours avec sa mère et dort même dans le même lit qu'elle. Cette relation oppressive permet à la mère d'Erika de la maintenir dans un état d'infériorité et ne lui donne pas la possibilité de faire ses propres choix. Les conséquences de cette relation dysfonctionnelle rendent le film très controversé, car la communication difficile d'Erika avec les autres, ses émotions refoulées, sa sexualité et son agressivité sont à l'origine de situations choquantes.
Et c'est là que La Pianiste devient vraiment douloureux et incompréhensible, car la façon dont Erika gère ses problèmes ne plaît pas à tout le monde. Nous voyons comment Erika se blesse à plusieurs reprises et exprime ses frustrations sexuelles en espionnant les couples et en fréquentant de nombreux peep-shows.
Bien que cela puisse être une raison pour certains de ne pas vouloir voir le film, c'est ainsi que Haneke structure (consciemment) ses films. Ses œuvres ne cherchent jamais à s'identifier aux personnages - ce n'est ni le but ni l'effet de ses films. La Pianiste n'a donc pas à être un portrait complet d'Erika expliquant tous ses choix et ses actions. C'est ce qui fait de ce film un autre film typique de Haneke : il ne livre pas une histoire complète avec des réponses à toutes les questions, mais laisse presque tout à l'interprétation de chacun. Et c'est ce qui rend La Pianiste si spécial ; une étude glaciale mais fascinante de la psyché humaine.
À voir absolument parce que :
1. La Pianiste est basée sur le livre Die Klavierspielerin de l'écrivain Elfriede Jelinek, qui a reçu le prix Nobel de littérature en 2004.
2. Isabelle Huppert et Benoît Magimel ont tous deux été nommés meilleure actrice et meilleur acteur pour leurs rôles au Festival de Cannes.
3. Tout le jeu de piano d'Erika dans le film est en fait celui d'Isabelle Huppert : elle a joué du piano pendant des années et s'est remise à pratiquer spécialement pour son rôle dans La Pianiste. Quel dévouement !
Erika Kohut (La Pianiste)« Après tout, l'amour se construit sur des choses ordinaires ».
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